Sélectionner ses images

Les caméras digitales ont fondamentalement changé la pratique de la photographie. Alors que l’argentique nous obligeait à réfléchir à plusieurs fois avant d’appuyer sur le déclencheur, le numérique nous amène à être beaucoup plus convulsifs au moment de déclencher

Certain y voit un progrès, plus besoin de produits chimiques pour développer les images. Pourtant en une seule année, je peux accumuler jusqu’à près de 2000 images. Certaines ne sortiront jamais de la carte mémoire mais environ 60% finissent sur mon disque dur. Des To stockés localement ou virtuellement: Des quantités de données qui  demanderont de l’énergie pour être transférées, stockées et partagées dans le « Cloud »: ce fameux nuage, très gros consommateurs d’électricités pour fonctionner et être refroidi.

Le tri de ces images en numérique est donc primordial pour ne pas se noyer dans un flux d’images mais aussi préserver la nature, celle que nous aimons tant photographier. Quelque soit la raison, c’est ici que le problème commence.

Le premier tri évident est celui des images mal cadrées, multiples, au cas où, pour un bracketing, pour un focus stack. Soyons honnêtes, combien de fois avez-vous repris une autre version de la même image ou refait un stack ou un bracketing? Personnellement jamais. Mon bien le plus précieux étant le temps, avant de me lancer dans le développement d’une image, je m’assure que je pars de la meilleure base possible. Une fois fait, je garde uniquement le RAW de l’image de base ou le fichier TIFF ou PSD de l’image assemblée. Et voilà, de 60% de mes images déclenchées gardées, je descend à environ 5% de mes images. 5% qui seront stockées et sauvegardées.

Le second tri devient plus difficile. Il est venu le temps de voir quelles images se verront attribuées une étoile ou plus, celle que vous aimez vraiment. Je ne sais pas si il y a un chiffre magique, mais sur une année j’ai souvent du mal à en trouver 12 pour mon calendrier, il m’en manque souvent une ou deux. De ce fait, je dirai probablement que 10 est le chiffre magique. Et souvent dans les 10 certaines ont été prises lors d’une même sortie ou sur une même période de l’année. Vous pensez sûrement que ceci est liée à la lumière et au couleur. Le printemps et l’automne étant probablement les deux saisons pendant lesquelles je fais mes meilleures images.

Il y a un peu de vrai, mais pas totalement. Je me suis aperçu qu’au moment de sélectionner une image, d’autres facteurs influençaient le choix: un matin froid d’hiver sans lumière après une semaine de travail compliquée et cette matinée peut devenir un superbe moment de calme et de récupération. Les images prises ce jour-là ont de grande chance de véhiculer de nouveaux ce sentiment en les regardant. Du moins pour moi. Et si vous en doutez encore, n’avez-vous jamais eu ce sentiment en regardant une photo de famille de vous transporter au moment où elle a été prise comme-ci vous reviviez cet instant.

Notre relation avec les images est influencée par ce que nous avons expérimenté en appuyant sur le déclencheur: trier ses images pour trouver la ou les meilleures devient donc encore plus compliqué. Si vous voulez vraiment savoir si votre image à une valeur purement photographique, ce n’est pas votre avis qui prédomine, mais celui de votre entourage, famille, amis ou encore relations de votre club photos ou votre réseau, virtuel (mais fiable). Et bien souvent leurs choix et le votre sont différents. Je suis en train d’écrire la quatrième newsletter et vous le verrez, ce mois-ci votre choix et le mien sont encore différents: vous avez fait votre choix sur ce que vous voyez et ressentez; je fais le mien sur ce que j’ai vu et ressenti. En conséquence c’est probablement une vingtaine d’image qui emporteront le suffrage total.

Alors vous allez me dire pourquoi prendre 2000 images pour en gardez seulement une vingtaine. C’est parce que c’est ce parcours qui au fil des années va vous amenez à déclencher moins pour déclencher mieux. En supprimant certaines photos et en triant vos photos, non seulement vous faîtes un geste pour la planète, mais aussi vous construisez votre expérience photographique. Vous savez maintenant ce qu’il vous reste à faire après avoir lu cette newsletter: trier vos images si ce n’est pas encore fait.

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